Aumônerie des hôpitaux-Nouvelles

Un partage de l'équipe d'aumônerie à Marseille

 

Aumônerie protestante des hôpitaux de Marseille

Le bonheur tient parfois à de toutes petites choses qui pourraient passer inaperçu : les cultes et célébrations œcuméniques de l’Avent et de Noël derniers ont pu reprendre au sein des hôpitaux du consistoire. C’était une vraie joie pour nous. Même avec un bémol dû à la situation sanitaire : les conditions d’accès (avec passe sanitaire obligatoire car dans l’enceinte des hôpitaux) sont limitées aux aumôniers, musiciens, membres de l’aumônerie et ce bien sûr au service des patients pour qui nous faisons le maximum en ces temps troublés.

Cette reprise des cultes et célébrations est l’occasion de vous présenter le travail réalisé sur le terrain dans les différents hôpitaux :

 La Timone et l’hôpital Sainte Marguerite.

L’aumônerie de la Timone est aussi surnommée la « Petite Jérusalem » : elle englobe un espace de culte musulman, une synagogue et une chapelle œcuménique. Elle est le reflet d’un beau travail inter-religieux, avec des liens qui se sont encore renforcés avec la crise sanitaire. En effet, tous les aumôniers travaillent ensemble avec une grande convivialité, entraide et confiance. Par exemple, le matin, c’est l’aumônier protestant qui ouvre la chapelle, puis la salle du culte musulman. La chapelle œcuménique est organisée de manière à s’adapter simplement à la mise en place ou retrait des objets de culte des différentes confessions. Un bel endroit à la disposition de tous les patients, quelles que soient leurs origines confessionnelles.

Un culte avec Sainte Cène autour de l’annonciation et de la visitation a eu lieu le 3 décembre dans la chapelle. « Mon âme magnifie le Seigneur, et mon esprit se réjouit en Dieu mon sauveur ! » Luc 1,46

 

A l’hôpital Sainte Marguerite, l’aumônerie est principalement présente dans le centre de gérontologie. C’est un établissement où la direction et les visiteurs sont très impliqués, dans un cadre œcuménique. Sur le plan interreligieux, un vestiaire y a été mis en place récemment, géré par l’ensemble des aumôniers. Cet hôpital a été le premier à rouvrir ses portes aux aumôniers dans le cadre de la crise, et l’un de nos visiteurs y tient désormais une permanence hebdomadaire. 

Une célébration œcuménique de l’Avent s’est tenu le 7 décembre autour des récits de l’enfance «Voici le Dieu qui me sauve, j’ai confiance, je n’ai plus de crainte. Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ; il est pour moi le salut » Esaïe 12, 2-3

 

 

 L’Hôpital européen et l’Hôpital de la Conception

 

L’Hôpital Européen a été fortement concerné et sollicité dans le cadre de la gestion de la crise Covid19. Il a fallu s’adapter à chaque nouvelle directive nationale. Les aumôniers et les visiteurs n’ont pas pu rendre visite aux malades pendant la première vague. En parallèle, l’espace éthique, qui est aussi l’espace de culte, a dû être réaffecté pendant cette période inédite. Les aumôniers et visiteurs ont pu reprendre du service depuis quelques mois.

Ce mois-ci, c’est avec beaucoup de joie que nous apprenons que l’espace éthique est à nouveau remis en fonction et restitué aux aumôniers pour reprendre leur activité ! Voici le témoignage de Sibylle Klumpp, aumônier par intérim à temps partiel à l’Hôpital Européen : « Le président de la Fondation  Ambroise Paré et le directeur général de l’Hôpital Européen ont rassemblé les aumôniers de tous les cultes autour d’un repas et nous ont présenté une référente des cultes et des outils de communications disponibles dans tous les services. En une semaine, elle a répondu à toutes nos demandes et attentes. Les aumôneries ont une vraie place au sein de l’établissement. C’est formidable et nous sommes très reconnaissants ». 
La célébration œcuménique du 10 décembre a eu pour thème : « le peuple qui marche dans la nuit a vu une grande lumière » ; Esaïe 9, 1.

 

A l’hôpital La Conception, outre les différents pôles de soins que l’on trouve habituellement dans un hôpital, notre aumônier pour l’AP-HM, Vincent Eyraud, intervient dans des services de pointe, de référence pour tout le Midi de la France et au-delà, comme le service des grands brulés, ou encore la médecine néo-natale. Celle-ci prend en charge les nouveau-nés de toute l’aire ouest de la région PACA, ainsi que les femmes enceintes et accouchées. Parfois, lorsqu’elles quittent l’hôpital en situation de grande précarité, certaines sont encore accompagnées par les actions diaconales  de  l’aumônerie ;  en  lien avec les travailleurs sociaux, ces aides permettent de couvrir certains frais. 

Voici un témoignage partagé par l’aumônier catholique de La Conception : « Par suite d’un parcours migratoire dramatique, Madame P. a accouché de jumeaux à la maternité de la Conception. Seule et isolée, elle a rencontré l’aumônière catholique dans le service de maternité et a été mise en lien, à sa demande, avec l’aumônier protestant. Vincent a visité cette personne de manière régulière, et il a été convenu entre les deux aumôniers qu’un accompagnement fraternel régulier en plus d’une présence pastorale serait bénéfique. Madame P. a donc été accompagnée sur deux plans : religieux et fraternel. Sur le plan de l’aide diaconale, les deux aumôniers ont fait équipe autour de cette maman jusqu’à sa sortie de l’hôpital et au-delà. »

La célébration œcuménique du 15 décembre a eu pour thème : « Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Luc 3, 16 »

 

 L’Hôpital Nord

A l’hôpital Nord, nous n’avons pas pu mettre en place de culte ni de célébration œcuménique, le contexte ne le permettant pas. Mais nous voulons vous présenter notre activité multiple dans cet hôpital

En sus de l’accompagnement des patients «classiques », nous sommes également présents pour des patients quelques peu différents, et pourtant si semblables aux autres : les détenus des prisons du Midi.  

Un  bâtiment sécurisé reçoit ces patients dans deux unités hospitalières : l’une dite UHSI pour les patients en traitement pour des pathologies somatiques et une autre, l’UHSA, pour les patients relevant de la psychiatrie. Les aumôniers des différents cultes, par leur présence auprès des détenus hospitalisés, font ainsi la passerelle avec l’aumônerie des prisons.

L’activité d’aumônerie se déploie dans une dynamique inter-religieuse et interculturelle au sein de l’Hôpital Nord, du fait de son implantation géographique, et des flux de personnes venant de tous les horizons du monde. Par exemple, à l’occasion de l’hospitalisation d’un patient anglophone, l’aumônier musulman a demandé l’aide de l’aumônier protestant, afin qu’il puisse faire office de traducteur, pour une discussion qui s’est finalement révélée être une rencontre inattendue avec un véritable échange entre les trois personnes présentes. Outre les activités de traducteur occasionnel, les aumôniers des différents cultes sont parfois sollicités dans des médiations de type interculturel et pour des réponses d’aides diaconales.

Plus globalement, il y a une vraie vie inter-religieuse dans les hôpitaux comme en témoigne Ary Samoun, aumônier israélite : «Dans le cadre de nos missions dans les hôpitaux, j’attache une attention toute particulière à l’échange interculturel, et je dois dire avec enthousiasme que j’ai d’excellents échanges avec mon collègue et ami Vincent EYRAUD, aumônier protestant. Chaque jour nous prenons autour d’un café un temps d’échanges bibliques en apportant dans le respect mutuel un éclairage sur notre vision des textes et de ses interprétations. 
Nous avons aussi cette volonté de partager nos expériences de vie dans les hôpitaux et nous essayons de nous soutenir dans un esprit fraternel. Il fait bon de vivre ensemble dans cet esprit de fraternité et d’espérance. Comme le souligne un Psaume de David: Qu’il est doux et agréable de se retrouver entre frères Iné ma tov oumanaim »

Cette réalité inter-religieuse doit s’adapter à chaque contexte d’hôpital où elle se vit de façon parfois diamétralement opposée – ceci implique une grande souplesse de la part des différentes confessions au service des patients, et en relation avec les attentes et directives des différentes directions. Sans compter les attentes des patients eux-mêmes, qui peuvent sortir du cadre classique. Tout ne peut être partagé ici, car nous avons un devoir de confidentialité. Le paradoxe de l’aumônier tient à la confidentialité imposée d’un côté, et au principe de témoignage de l’autre. C’est un exercice d’équilibre au quotidien, il s’adapte pour être présent là et quand il le faut.

 

Nous vous proposons de porter tous les patients dans vos prières, et plus particulièrement avec le verset suivant :
« Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie. Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche » Philippiens 4, 4-5.

Voici le texte liturgique proposé par Vincent pour l’accompagner :
« L’homme n’est pas seul, il vit dans le monde qui appartient à Dieu.
Nous croyons en Dieu qui a créé et qui continue à créer.
Il est venu en Jésus, vrai homme, pour apporter la réconciliation et le renouveau,
qui œuvre en nous par son Esprit.
Nous avons confiance en lui. Il nous appelle à être son Église :
pour célébrer sa présence, pour aimer et servir autrui,
pour rechercher la justice et résister au mal. Nous proclamons son Royaume.
Dans
la vie, dans la mort, dans la vie, après la mort, Il est avec nous.
Nous ne sommes pas seuls, nous croyons en Dieu »

Déclaration de foi de l’Église unie du Canada.

La vie liturgique protestante se retrouve dans tous les actes de nos aumôniers hospitaliers, dont les célébrations de cultes dans divers endroits et diverses conditions.Elle est soumise au rythme des établissements de santé, des patients, de leurs familles, du contexte de crise, tout en tenant bon pour proposer avec le plus de régularité possible les célébrations plus centrales (lieux de cultes, espaces éthiques, etc.).
La régularité est un mot qui n’intervient pas beaucoup au quotidien, et encore moins depuis deux ans ; nous sommes plus dans un mode de jonglage, tout comme les paroisses : aumôniers, auxiliaires, pasteurs, et toutes les personnes engagées doivent se réinventer dans ce temps si particulier.

 

 Voilà, c’est fini (Sur l’air de « Voilà c’est fini » de Jean Louis Aubert)

… Mais nous voulons encore vous parler un peu plus de nos auxiliaires d’aumônerie, qui donnent de leur temps à titre bénévole pour assurer une présence auprès des malades, par une parole, une prière, une présence réconfortante. Depuis le début de la pandémie, nos visiteurs se sont régulièrement retrouvés face à l’impossibilité récurrente de non-droit de visite. Ceci explique pourquoi l’aumônerie n’a pas encore vraiment relancé ses recherches de bénévoles pour cette activité : en effet, un(e) nouvel(le) visiteur/euse passe par une période de formation sur le terrain et donc « pas de terrain, pas de formation ». (Selon le principe du film Intouchables « Pas de bras, pas de chocolat » !!)

 

En revanche, nous avons la chance d’avoir une nouvelle recrue, Chloé, 32 ans, qui a pu commencer sa formation et son stage comme visiteuse au sein de notre consistoire, entre deux vagues. C’est un vrai bonheur en ces temps compliqués. Nous avons souhaité lui donner la parole pour témoigner :

« Je suis issue d’une famille protestante des Cévennes, ce qui n’est pas nécessairement un gage d’engagement initial. Après quelques années de distance vis-à-vis de ma religion et de ma foi, un élément déclencheur a fait basculer ma vie : revenir aux sources m’a paru une évidence et ma foi est devenu mon roc. J’ai souhaité aller plus loin, et vivre ma foi de façon concrète, notamment en rendant à d’autres la bienveillance que j’ai reçue lorsque j’ai été ébranlée. Le pasteur Christophe Montoya et la paroisse de Provence m’ont très bien accueillie l’été dernier, et Christophe m’a mis en relation avec Vincent Eyraud et Sibylle Klumpp.

J’ai la chance de suivre ma formation de visiteuse avec nos deux aumôniers hospitaliers, sur les deux structures (Hôpital Européen et AP-HM). Lorsque je passe un après-midi avec l’un, je discute ensuite avec l’autre pour un débriefing. Ces aller-retours donnent une vraie valeur ajoutée à la construction de mon parcours de future visiteuse, et me permet d’approfondir aussi les textes de référence que nous travaillons ensemble.

En effet, certaines visites de patients se basent sur une réflexion précise sur certains passages de la Bible que nous pouvons mettre en exergue – mais pas forcément. J’utilise la Bible, internet, Paroles pour tous et nos discussions pour mes préparations de visites

Avec les patients, et notamment les personnes âgées qui ont vécu tellement de choses, je réalise qu’ils m’apportent autant (voire plus) que ce que je tente de leur apporter par ma présence. Il s’agit réellement d’une construction commune et réciproque, qui fait vraiment vivre la Bible par l’action et les balises qu’elle propose. Je remercie les patients aussi pour ce qu’ils m’ont apporté dans ces moments d’échange.

Nous travaillons en équipe avec les soignants, notre interaction avec eux est importante, tant pour être orientés vers des patients qu’ils ont identifiés comme étant dans un besoin de visite, que pour un moment de pause et de conversation. Eux aussi ont parfois besoin de se confier, et l’aumônier et le visiteur est une personne neutre, ni totalement dans l’établissement, ni totalement en dehors, cet équilibre permet des échanges très riches.

En fait, toute discussion, même anodine, apporte quelque chose, je repars de chaque journée de visite avec la sensation d’avoir vécu un moment hors du temps, c’est un vrai bonheur. Et j’ai la chance d’avoir la personne qui partage ma vie qui me soutient totalement dans ma démarche.

Pour conclure, je dirai que l’aventure ne correspond pas du tout à ce à quoi je m’attendais. Au départ, je me suis dit « j’ai du temps, je peux en donner un peu ». C’est bien plus que cela, et c’est bien plus que du bénévolat : c’est une richesse qui se construit dans l’échange, toujours intéressant. Dans les faits, ce travail participe à la reconstruction de ma foi au quotidien. C’est le bien qui m’arrive. »

A l’Hôpital Européen, nous avons aussi la joie d’accueillir le docteur Jean-Paul Farjon, chirurgien ORL et cervico-facial. Il a récemment accepté le siège de membre de droit pour le consistoire de l’Arc Phocéen au sein de la Fondation Ambroise Paré qui dirige l’établissement. Il sera notamment membre de la commission d’éthique, et un lien important avec la commission consistoriale de l’aumônerie hospitalière.

 

 

C’est une vraie joie de pouvoir vous raconter notre activité, et de partager nos anecdotes – mais aussi nos difficultés à exercer notre ministère, et nous espérons que vous avez pris tout  autant  de plaisir à découvrir l’aumônerie hospitalière et ses actualités.

Francine Lanceleur-Brenning,
Présidente du consistoire de l’Arc phocéen

Pour Vincent Eyraud et Sibylle Klumpp
Pasteurs-Aumôniers

Pour plus d’info : organisation régionale de l’Aumônerie protestante des hôpitaux

 

 

 

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