Vendredi 15 mars à Montgenèvre. Nous y voici … Près de 300 personnes pour soutenir les maraudeurs solidaires, c’est-à-dire ceux qui s’en vont dans la neige et dans la nuit, à la rencontre de personnes migrantes, pour leur apporter vêtements et boissons chaudes et tenter ainsi de leur éviter le pire : la mort, comme c’est arrivé à certain(e)s perdu(e)s ou pourchassé(e)s dans ces montagnes. Des petits groupes se constituent, accompagnés chacun de maraudeurs, et partent dans des directions différentes, histoire de se faire une petite idée de ces traversées hivernales et nocturnes. |
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Puis nous nous rassemblons à nouveau, au cœur d’une fanfare, cette fois en direction de la PAF (Police aux frontières), afin de dénoncer certaines violences policières. Des personnes migrantes racontent comment certains policiers les ont dépouillées de leur argent, moquées, giflées, violentées, ont déchiré leurs papiers d’identité… |
« Alors Pilate prit Jésus, et le fit battre de verges. Les soldats tressèrent une couronne d’épines, qu’ils posèrent sur sa tête, et ils le revêtirent d’un manteau de pourpre ; puis s’approchant de lui, ils disaient : Salut, roi des Juifs ! Et ils lui donnaient des soufflets ». (Jn 19, 1-4)
Voilà, nous y sommes … face à face silencieux (la fanfare s’est tue) … d’un côté les policiers, de l’autre, les maraudeurs qui s’approchent tout près … et cet infernal silence … silence qui tue. Je les aime tous : ceux de droite et ceux de gauche. Et il me revient tout à coup que la manifestation doit se terminer par le partage d’une grande soupe. Eh bien, pensais-je, il ne reste plus qu’à dresser la table et partager la soupe tous ensemble ! Oui, c’est mon rêve. Que nous partagions la soupe tous ensemble autour de la même table. Que nous nous rencontrions, que nous nous parlions, que nous chantions, que nous dansions. Tous ensemble ! Oui, je rêve de ce grand banquet final, où, comme l’apôtre Paul qui nous rappelle qu’en Christ, il n’y a plus ni homme, ni femme, ni Juifs, ni Grecs, ni esclaves, ni hommes libres… nous pourrons vivre qu’en Christ il n’y a plus ni policiers, ni maraudeurs, ni résidents, ni migrants… Je rêve de ce grand banquet final où, de part et d’autre, nous serons capables de nous regarder plus profondément, par-delà les « appâts-rances » et les peurs, par-delà les masques et les déguisements, et à nous rencontrer enfin, les uns les autres, comme partageant tous la même humanité et vivant du même Souffle … Ressusciter serait alors changer simplement de regard. Seigneur, entends ma prière ! Pasteur Agnès-Marie Rive |
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Pour en savoir plus sur les organisateurs de cette maraude : Maraude à Montgenèvre