Noël ! Quel Noël ?

A partir de quelques billets des chroniques paroissiales dans le magazine protestant régional "Echanges" de décembre 2015 ... le vécu de Noël en Provence-Alpes-Corse-Côte d'Azur

Ne pas oublier … le sens !

Fils de … 

Crèche - Ombres chinoises

L’identité de Jésus s’inscrit dans une généalogie biblique, une succession d’engendrements (Luc 3.23-36). Le texte le situe dans une lignée qui va de Joseph à Dieu, en passant par David. Cette liste l’intègre dans une histoire précise, un passé particulier, et dans un projet formé dès l’origine.

Mais chacun continue à s’interroger. Celui qui dit « fils de Joseph » s’attache à son humanité qu’il partage avec nous, ayant tout vécu de nos grandeurs et de nos misères. Celui qui dit « fils de David » en espère peut-être encore un grand bouleversement qui viendrait rétablir la justice, la paix et la liberté dans nos sociétés désordonnées. Celui qui dit « fils de Dieu » est sur le chemin d’une foi intérieure à parcourir fidèlement, obstinément. 

Faut-il choisir ? Peut-être pas. En tout cas, c’est Noël qui nous interroge et nous questionne sur l’identité que nous donnerons à Jésus.

Et nous, de quels pères/mères sommes-nous fils/filles ? Quel passé, quels héritages nous ont construits ? Quel projet nous porte ? Noël s’ouvre à nous comme invitation à une naissance, à faire naître Jésus en nous, et comme une naissance à nous-mêmes… Si nous acceptons de refaire le chemin vers Bethléem, vers la « maison du pain », vers le lieu qui peut nourrir notre existence. Car Bethléem s’appelle aussi Ephrata, « lieu de la fécondité ».

Christian Badet
Pasteur à Hyères-Toulon

 

Noël, socle de l’oecuménisme

Les protestants sont parfois l’objet d’étranges questions révélatrices de la condition de minorité dans laquelle ils vivent. Par exemple : est-ce que les protestants fêtent Noël ? Oui, comme la grande majorité des chrétiens, même si le 25 décembre n’est qu’une date conventionnelle qui remplace une fête païenne consacrée au soleil.

La communauté primitive ne fêtait pas Noël. La naissance de Jésus a été introduite dans l’Eglise par la suite, parmi les festivités scandant et soulignant les différents moments de l’« Histoire du Salut ». Noël et l’Epiphanie, la Passion et Pâques, la Pentecôte, en sont les principaux moments et autant d’occasions pour faire une halte de réflexion, de louange et de prière dans nos cheminements de foi. Chacune de ces festivités renvoie aux autres, incorpore une partie des autres. Ensemble, elles composent l’admirable tableau du mystère de l’Incarnation.

La majorité des Eglises partage cette tradition, et c’est là le signe d’une communion dans la compréhension de la foi chrétienne. Les mêmes textes sont lus dans les différentes liturgies. On chante les mêmes hymnes, on respire le même air joyeux. Le jour de Noël, tous les chrétiens fêtent un Dieu qui s’est fait homme pour partager notre condition.

Veillée de Noël pour tousMalgré la diversité des Eglises et des théologies, il existe un noyau dur de la foi, véritable socle sur lequel fonder tout chemin oecuménique.

Giovanni Musi
Pasteur à Antibes-Cagnes

C’est Noël pour tous !

Les temps de l’Avent et de Noël sont des temps de partage par excellence. En tous cas nous souhaitons qu’ils le soient et sentons obscurément qu’ils ne le sont pas assez. Partage de joie, de cadeaux, de moments festifs, d’espoirs… Partage nécessaire à ceux qui donnent comme à ceux qui reçoivent et demandent –au-delà de la générosité – qu’on leur accorde plus d’attention, de profondeur.

L’Avent et Noël sont ces temps privilégiés où nous réapprenons les gestes de partage, la simple joie d’être ensemble, en humanité, réunis dans une attente commune et pris dans la Promesse d’un accomplissement qui nous concerne tous.

L’universalité de la fête de Noël peut donner le vertige, d’autant plus que beaucoup en ont oublié le sens. Or, au coeur de chaque famille, de chaque paroisse, c’est cette universalité que nous célébrons.

Avec la naissance de Jésus, nous croyons qu’un événement a lieu qui dépasse largement le cadre familial ou paroissial, et même celui de l’Eglise visible. Un événement qui transforme le sens de la vie de tous les êtres humains, même s’ils ne le savent pas. Ce mystère du don de Dieu nous conduit, de l’Avent à Noël, à préparer notre regard et notre coeur pour accueillir et partager l’annonce de Noël. C’est dans cet esprit de recueillement et de joie que je vous invite à nous retrouver pour fêter l’Avent et Noël.

Christian Barbery
Pasteur à Grasse-Vence

Quelques mises en pratique …

Ouvrir sa porte

Maison de l'AventNous aurons plusieurs occasions de nous préparer à ouvrir notre porte au Christ, à Noël. Car si « nul ne peut aimer Dieu et haïr son frère », nul ne peut non plus accueillir Dieu sans accueillir son frère (ou sa soeur !). Pendant le temps de l’Avent, faire de la place dans son agenda ou dans sa maison pour aussi faire de la place à Dieu qui nous rejoint en Christ : tout un programme.

Le calendrier de l’Avent vivant, qui passe de famille en famille, sera renouvelé cette année. Chaque soir à 19 h une porte différente s’ouvre pour qu’ensemble nous nous préparions à Noël. Une occasion d’ouvrir sa porte et/ou d’être soi-même accueilli chez les uns et les autres. Le calendrier détaillé est disponible au fond du temple et sur demande.

Ne passez pas Noël tout seul ! Si vous êtes seuls le 24 au soir, nous prolongerons la veillée ensemble. Il suffit de s’inscrire auprès du pasteur.

Anne Faisandier
Pasteur à Marseille-Grignan


Boîtes de NoëlUne étoile dans la nuit

« La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres n’ont pas pu la saisir » (Jean 1.5). Cette année, c’est au tour de Magnan de décorer les boîtes de Noël remplies par toutes les paroisses du consistoire. Elles seront remises le 24 aux prisonniers hospitalisés à l’hôpital Nord. Un petit geste pour leur dire qu’on pense à eux en cette nuit où la solitude est encore plus dure à vivre. Avec la porte qui s’ouvre et la remise personnelle du cadeau à chaque prisonnier par les visiteurs, un peu de la lumière de Noël entrera dans chaque cellule. Et pour chacun de nous qui aura participé à la décoration et au remplissage, les prisonniers seront devenus un peu plus proches. Voici un petit condensé du sens de Noël !

Silvia ILL
Pasteur à Marseille Sud-Est ; Aumônerie Hôpital européen

 

Bientôt Noël

Lumiède de Bethléem-Scoutisme

On prépare les colis pour les détenus, la Fête des lumières avec les scouts, le repas et la vente de Noël, la veillée du 24 avec petits et grands, des projets sont en cours… Dieu, mystère de tendresse et de bonté nous appelle à poser des priorités dans notre vie et à cesser nos pleurs car, témoin de nos douleurs, il nous visite. 

Ensemble, élevons les chants de la crèche et de la croix. Les anges ne chantent-ils pas « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre parmi les hommes qu’il agrée » ?

« Le Fils de Dieu, le roi de gloire a voulu naître parmi nous
Il est venu sur notre terre au temps marqué par son amour
Ceux qui marchaient dans les ténèbres ont vu s’illuminer leur nuit
Et sur les peuples dans l’angoisse, une lumière a resplendi.
Dès aujourd’hui, ton royaume est proche.
Viens parmi nous Seigneur Jésus ! » (Alléluia 31/13)

Passons de joyeuses fêtes de Noël sans oublier les nouveaux baptisés, les démunis, les sans-abri, les personnes solitaires, les opprimés, les persécutés, les torturés, les déplacés, les jeunes et les moins jeunes et tous ceux qui souffrent. Sans négliger la prière pour la paix entre les peuples.

Nirina Ramangasalama
Vitrolles-Marseille Nord

 Un avenir plein d’espérance

Il n’y a pas de fatalité

Manosque a la chance d’avoir une vie oecuménique et interreligieuse particulièrement
dynamique. Sur le modèle de « Marseille-Espérance », « Manosque-Fraternité » rassemble la plupart des familles spirituelles de la ville : catholiques, orthodoxes, protestants, évangéliques, israélites, musulmans et libres penseurs. Nous nous retrouvons tous les deux mois dans une ambiance conviviale pour permettre aux différentes communautés de mieux se connaître, pour mieux vivre ensemble.

Sur une des places de la ville, nous nous associerons à la fête juive de Hanouka. Devant la mosquée nous recevrons, de la part des scouts, la lumière de Bethléem. A Ganagobie nous organiserons une journée pour les enfants des différentes communautés.

Dans une actualité souvent difficile, en ce temps de Noël « Manosque-Fraternité » est le signe que les incompréhensions et les conflits religieux ne sont pas une fatalité.

Bernard Mourou
Pasteur en Haute-Provence

 

Mobile d'étoiles 

Le Royaume est là

Pour comprendre le monde nouveau que Jésus Christ est venu inaugurer, nous n’avons pas besoin de nous imaginer un futur éloigné et utopiste. Ce à quoi nous sommes destinés existe déjà en nous !

Dans le coeur de chacun de nous se déploient la beauté de la vie, l’infini du ciel, l’appel du grand large à la liberté. C’est à cela que Jésus nous invite –lui qui n’a cessé de nous convaincre d’ouvrir nos yeux à la grandeur et à la vérité qui sont en nous comme en notre prochain.

Qu’en ce temps de l’Avent et de Noël, chacun d’entre nous puisse découvrir la réalité du Royaume de Dieu dans sa vie ! Et que nous puissions en témoigner autour de nous en disciples fidèles de Jésus Christ !

Thomas Mentzel
Pasteur à Cavaillon-Lourmarin

Justice et dignité

Les récits apocryphes de la naissance de Jésus et les traditions populaires qui s’en inspirent y sont pour beaucoup : l’enfant de Bethléem serait un enfant de pauvres, et sa naissance, durant l’hiver austère, là dans l’humble étable, sous les fentes du vieux toit, serait celle d’un miséreux. Que de cantiques, de prédications, de contes de Noël, ont repris cette image !

Mais rien ne nous permet de penser que le menuisier-charpentier de Nazareth et sa famille vivaient au-dessous du seuil de pauvreté. Joseph et Marie n’étaient certainement pas des nantis et ils devaient travailler dur comme tous les artisans, les commerçants, les pêcheurs de Palestine, pour subvenir aux besoins quotidiens d’une existence démunie de la moindre protection sociale. Quant aux riches qu’évoquent les évangiles, il est probable que leur prétendue richesse nous impressionnerait bien peu aujourd’hui, habitués que nous sommes aux valeurs des sociétés cotées en bourses, aux transferts mirobolants des footballeurs ou aux parachutes dorés des grands patrons.

Néanmoins il nous faut, plus que jamais, garder vive l’image de l’enfant pauvre et misérable couché dans la paille et le foin de la crèche. Elle illustre, pour tous, ce que l’on appelle en langage théologique l’incarnation ou le choix de Dieu de rejoindre notre humanité dans sa faiblesse et sa plus grande fragilité. Elle dit à 900 millions d’hommes, de femmes et d’enfants qui vivent dans le monde sous le seuil de pauvreté, comme aux victimes impuissantes des dérèglements climatiques ou aux désespérés entassés sur des radeaux pneumatiques, que celles et ceux qui célèbrent Noël se tiennent à leurs côtés et s’engagent sans relâche pour que justice et dignité leur soient rendues, et qu’un jour, peuples en tous lieux, nous puissions entonner joyeux : paix sur la terre et gloire à Dieu dans les cieux !

Gilles Pivot
Pasteur, président du conseil régional EPU-PACCA

     

 

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